On est bien chez soi

Comme on pouvait s’y attendre nous voilà à la maison pour un temps indéterminé.

Au tout début, fin janvier pour ma part, je pensais que cette épidémie venant de loin était une variante de la grippe et que nos aïeux allaient peut-être cette année contribuer un peu plus aux statistiques. Puis, lorsque nos amis italiens ont été frappés, j’ai commencé a me douter que ce n’était pas si anodin, la semaine dernière j’ai compris que c’était grave et qu’il fallait s’y résoudre : on allait vraiment payer cher cette légèreté.

Alors j’ai averti mes proches et ceux a qui je tiens pour les mettre en garde, usant de termes inquiétants et d’un ton alarmant. C’était peut-être surement trop tard mais encore en avance par rapport à nos impositions d’aujourd’hui. J’ai vu les courbes de l’épidémie, j’ai projeté les prévisions sur la base des pays où cela a commencé et j’avais hélas raison.

C’est facile a dire maintenant mais personne n’était capable de comprendre et d’admettre ce qui se passait, je dis bien PERSONNE.

Cet isolement nous allons le subir, il va être long, très long, incroyablement difficile, il faut être moralement et physiquement prêt.

Au premier jour on s’organise, ici à la campagne on a de la chance, le printemps et là, il ne voit pas le virus déferler. Oiseaux, fleurs, insectes célèbrent la nouvelle saison, la fin d’un hiver trop doux, trop long. On télé-travaille en regardant fleurir les prés, pendant ce temps les hôpitaux débordés vont se remplir d’un flot de malheureux jusqu’à saturation et les cimetières soudains trop petits vont accueillir les morts sans cortège. C’est ainsi, attendons ou bien faisons comme si il y avait demain à préparer, pensons à ce qui est important, c’est le moment de changer ce qui nous contrariait et oui puisque c’est trop tard pour se sauver, il n’est pas trop tôt pour espérer.