Les Trois Mousquetaires, l’aventure

L’ampleur de cette expérience de comédien chanteur mérite bien une page entière, c’est à ce jour la plus longue et la plus aboutie de mes modestes prestations artistiques.

Le point de départ : L’œuvre d’Alexandre Dumas a fait l’objet de nombreux films et téléfilms dans le monde entier, je me souviens des exploits de d’Artagnan, de la finesse d’Aramis, de la force de Porthos et de la sincérité d’Athos. il y avait aussi la ténébreuse Milady de Winter et la douce Madame Bonacieux, le fourbe cardinal et un roi transparent. Ces souvenirs sont revenus à la surface lorsqu’à la radio, une interview RTL signale qu’un nouveau film va être tourné en 2021. C’était au début de l’année 2021 en allant sur le tournage de La ventrière. C’est devenu mon objectif : trouver le casting du tournage pour déposer ma candidature.

Un casting de rêve : Plusieurs acteurs de talent participent à ce film dont François Civil qui interprète le rôle de D’Artagnan, Vincent Cassel celui d’Athos, Romain Duris qui sera Aramis ou encore Pio Marmaï qui sera Porthos. Du côté des actrices, Eva Green interprète Milady, Vicky Krieps, la reine Anne d’Autriche et Lyna Khoudri sera Constance Bonacieux.

Les premiers contacts : Au début de l’été 21, les premières annonces apparaissent, on demande des moines pour chanter du Grégorien, quelle coïncidence ! Je chante justement du grégorien costumé en moine au château de Bresse-sur-Grosne. Candidature envoyée, quelques jours plus tard, la responsable de casting me demande d’envoyer trois enregistrements, dont des chants grégoriens, pour dans 3 jours. Un peu dans la précipitation, j’envoie mes vidéos avec un espoir mesuré… Lors de mon retour de vacances, je reçois un SMS me demandant si j’accepte une tonsure de moine pour une date de tournage en 2021 et 4 en 2022; j’accepte en réfléchissant à peine. Rien à ce stade n’indique si c’est bien pour le chant grégorien.

La préparation : Après une période de silence durant laquelle je tourne plusieurs autres films, Samantha, la chargée de casting me prévient qu’un mail arrive pour proposer des dates de répétitions des chœurs de moines. Les répétitions à Paris aux Studios Bleus sont menées bon train par Camille Joutard notre coach vocal en décembre et janvier avec quelques questions sur les conditions financières puisqu’à ce stade aucun contrat n’est signé et que les frais commencent à s’accumuler. Au final tout rentre dans l’ordre, plusieurs contrats couvrent les répétions, enregistrements, tournages et frais associés.

La réalisation : L’enregistrement des chœurs de moines se déroule dans la cathédrale de Meaux le 21 janvier avec les 12 moines sélectionnés toujours sous la direction de Camille. Le Psaume 115 Credidi propter quod et un magnificat sont par sections répétés plusieurs fois jusqu’à obtenir la version satisfaisante. Ces deux pièces d’une durée totale de 3 minutes vont nécessiter 5 heures de travail, avec une pause rassurez-vous. L’enregistrement sera incorporé à la bande son du film ! Pour un chanteur c’est une consécration.

Quatre jours de tournages sont nécessaires pour créer une des scènes principales du film et j’y suis ! Et même au cœur de l’action, en compagnie des acteurs, des cascadeurs et de plus de 150 figurants. Les moyens techniques sont impressionnants : des grues, des armes, des dizaines de techniciens et des journées de 12 heures. Et juste comme ça, plus de 20 porte-cierges de 50 places dont les bougies sont remplacées 3 fois par jours, he bien cela fait 12000 sur 4 jours; j’en ai gardé une en souvenir.

Au delà de l’intérêt de participer au film, il y a toutes les rencontres que l’on peut faire sur le plateau. Retrouver des amies et amis comme Anne-Sophie et Anaïs comédiennes, Julie maquilleuse, Stéphane armurier ou de nouveaux comme Jean-Yves cascadeur, Lucas chanteur et bien sur mes collègues moines. J’ai même ma coiffeuse attitrée pour mes retouches tonsure : Jeanne que je connais des plateaux de Secrets d’histoire et qui est également en charge de Vincent Cassel.

L’après-tournage : On sait maintenant que le film sera diffusé le 5 avril 2023 pour D’Artagnan et fin 2023 pour Milady, les deux opus ont été tournés en même temps. Première en a fait un numéro spécial en avril avec un bel article et une photo de la scène du mariage à la cathédrale ( avec une loupe on voit où je suis ). Une bande annonce épique est sortie en novembre pour mettre l’eau à la bouche des cinéphiles, comme on me devine sur un des plans, j’ai lancé un petit jeu sur FB pour faire gagner un pot au premier ou plutôt à la première ( j’ai une intuition là ) qui trouvera à quel moment j’apparais.

Les engagements contractuels m’empêchent de donner tous les détails de tournage, de même la presse est tenue à l’écart pour ne pas divulguer d’informations avant la sortie du film; quelques fuites ici et là sont néanmoins visibles sur les réseaux.

Le film à l’affiche : Comme prévu la première partie film « D’Artagnan » est diffusée le 5 avril 2023, cette reprise d’une histoire connue allait elle connaitre le sort du dernier Astérix, victime d’un bashing injuste ? La lecture des premières critiques des avant-premières ne laissent pas présager d’un tel destin. Le meilleur moyen de savoir c’est de le voir soi-même. J’avais hâte de voir comment les scènes auxquelles j’avais participé et les enregistrements des chants allaient être traités. bien calé au fond de mon fauteuil, je rentre dans l’histoire tout doucement, après quelques minutes de quiétude le film s’emballe et une atmosphère brumeuse, sépia et humide nous enveloppe complétement. Les grands espaces traversés au galop succèdent aux villes bondées comme le métro. les quatre mousquetaires sont comme dans mon imaginaires, tous si différents et liés par une amitié à toute épreuve. Les jeunes et les vieux peuvent finalement faire cause commune, le fougueux d’Artagnan inspire Athos le fourbu, épaulés par la force épicurienne ( un rien coquine… ) de Porthos et le mystérieux mystique Aramis. Le roi est magistralement détaché dans son attitude désinvolte, Constance toujours aussi mignonne, bref chacun apporte une touche personnelle qui amène de la nouveauté à ce récit historique. Les scènes de combats sont remarquablement réglées et donne au film son souffle et son rythme. Cela confirme l’impression du tournage.

Le film, ce qui me reste : Captivé par l’action j’ai néanmoins réussi à entrevoir ma silhouette de moine à la tonsure bien inutile puisqu’invisible. A plusieurs reprises, en arrière-plan des scènes de combat entre moines et mousquetaires devant l’autel, je me suis trouvé spectateur d’un attentat spectaculaire. Quelle mise en abime, je me regardais regardant. La bande son est beaucoup plus à mon avantage, par trois fois on entend le chant des moines, et c’est d’une très grande qualité. Ces chants m’ont valu, à ma grande surprise, quelques questions aussi techniques que précises que vous pouvez lire en commentaire de cette page. Par curiosité j’ai attendu le générique de fin pour voir si par hasard ou amabilité la production mentionnait notre modeste contribution. attente récompensée puisque nos noms figurent bien au registre des interprètes des chants grégoriens. Inoubliable